Une négociation qui s’achève dans l’impasse
Réunis pour la dernière fois lundi 23 juin, les partenaires sociaux (CFE-CGC, CFDT, CFTC, MEDEF, CPME) ont acté l’échec du conclave retraites initié en février. Cette ultime réunion, qui devait aboutir à un accord sur des ajustements à la réforme de 2023, s’est terminée à 23h sans compromis. En cause : l’inflexibilité persistante des organisations patronales, qui ont bloqué toute avancée significative.
Christelle Thieffinne, secrétaire nationale à la protection sociale et cheffe de file CFE-CGC lors des discussions, dénonce un « rendez-vous manqué » marqué par la « déloyauté » de la partie patronale. Alors qu’un texte de compromis semblait envisageable après la réunion du 17 juin, les espoirs ont été douchés par une conférence de presse surprise tenue juste avant la réunion du 23 juin par le MEDEF et la CPME, présentant de nouvelles propositions non négociées.
Des propositions patronales jugées insuffisantes
Parmi les thématiques abordées : la situation des femmes, la pénibilité, la gouvernance du régime ou encore l’âge d’annulation de la décote. Selon la CFE-CGC, ces pistes, insuffisamment construites et déconnectées des réalités du travail, ont contribué à faire dérailler les discussions.
« Les représentants patronaux n’ont montré aucune volonté d’avancer sur des sujets cruciaux comme l’emploi des seniors ou la retraite progressive, pourtant essentiels à la pérennité du système », déplore Christelle Thieffinne. L’absence d’engagement pour un réel partage des efforts financiers et le refus d’assouplir les conditions de départ sont pointés comme des freins majeurs à un accord équilibré.
Un nouveau chapitre politique à Matignon ?
Face à cette impasse, le Premier ministre François Bayrou a convié le 24 juin les organisations syndicales à Matignon pour un entretien d’une heure et demie, en présence de Catherine Vautrin et d’Astrid Panosyan-Bouvet, ministres en charge du Travail. Tous trois ont salué le sérieux et l’engagement des syndicats durant les quatre mois de négociation.
La CFE-CGC y a rappelé son opposition au recul de l’âge légal à 64 ans et a exposé les points de blocage persistants : reconnaissance de la pénibilité, soutien aux carrières longues, inégalités femmes-hommes, et nécessité de contributions équitables au financement du système.
Et maintenant ?
La CFE-CGC le réaffirme : la négociation est close. « Il n’y a plus rien à espérer d’un dialogue social avec une partie patronale figée dans le statu quo », estime Christelle Thieffinne. L’avenir du dossier est désormais entre les mains de l’exécutif. À François Bayrou de trancher : poursuivre dans l’impasse ou redonner une chance à un compromis social plus ambitieux.