Coordinateur des instances paritaires et Responsable adjoint de l’union professionnelle de la logistique, Christian Meyer fait le point sur son parcours pro., évoque ses différents rôles au sein du SNATT et nous partage sa vision du syndicalisme.
Christian, tu es adhérent du SNATT depuis 20 ans. Aujourd’hui, tu en es le Coordinateur des instances paritaires, un rôle stratégique que tu mènes de pair avec celui de Responsable adjoint de l’union professionnelle de la logistique. Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours professionnel et syndical ?
De formation bac+5 en informatique, j’ai d’abord travaillé dans différentes entreprises de développement de logiciels informatiques.
Je suis ensuite entré dans le groupe Bertelsmann il y a 23 ans comme responsable d’applications informatiques, dans le cadre de la création d’un entrepôt européen de distribution de supports physiques pour la musique (K7, CD, DVD, vinyles). J’occupe toujours ce poste outre mes activités syndicales.
Le syndicalisme ne m’avait jusque-là jamais intéressé et je n’y connaissais d’ailleurs absolument rien.
Un changement de Direction important au bout de 2 ans a été l’événement déclencheur qui m’a fait prendre conscience qu’il fallait être en capacité de faire valoir les droits de TAM et des cadres.
Tout d’abord syndiqué en 2003 à la FIECI CFE-CGC, la logistique n’existant pas encore dans la Convention collective des Transports routiers, je suis arrivé au SNATT CFE-CGC en 2004 suite à la signature du Protocole d’accord par les partenaires sociaux qui a intégré les personnels logistiques dans la CCNTR.
Dès 2004, j’ai été élu délégué du personnel puis élu au CE et maintenant au CSE. Je suis également délégué syndical depuis 2005. Ces 20 années n’ont pas été un long fleuve tranquille entre divers conflits avec les différentes Directions et les autres syndicats mais le travail paye et il ne reste maintenant plus que le SNATT CFE-CGC pour représenter les TAM et cadres dans l’entreprise, ce qui permet d’avoir une voix unie et forte. A souligner que les formations syndicales dispensées par la CFE-CGC ont été un vrai atout pour agir et être reconnus.
J’ai aussi toujours pu bénéficier du soutien des différents Présidents du SNATT : Frédéric BERARD, Roger PFAUWATHEL et maintenant Christophe LE ROY KERDERRIEN.
Je suis par ailleurs actif au sein des unions territoriales de la CFE-CGC, que ce soit à l’union locale de Nancy-métropole, à l’union départementale 54 ou au Comité Directeur Régional Grand-Est. D’un point de vue local, j’exerce les mandats de Conseiller du salarié, Administrateur à l’URSSAF et à la CARSAT.
Pour en revenir au SNATT, je suis responsable adjoint de l’union professionnelle logistique depuis 15 ans, aux côtés de Jean-Pierre DOS SANTOS.
Négociateur de branche pour le SNATT depuis plus de 10 ans, je suis maintenant aussi coordinateur des instances paritaires depuis un an.
Tu as un rôle clef au sein des instances paritaires, peux-tu nous rappeler ce qu’il s’y joue et en quoi la mission d’un coordonnateur est stratégique ?
Les négociations se font dans le cadre de la Commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation (CPPNI), soit sous forme plénière lorsque cela concerne tous les secteurs de la CCNTR (par exemple, la formation professionnelle), soit de manière sectorielle (par exemple les NAO).
Il faut savoir que la Convention collective des Transports routiers et activités auxiliaires couvre 800 000 salariés, dont 537 000 conducteurs. Les TAM ne représentent que 7% et les cadres 5% (selon les derniers chiffres de l’OPTL, Observatoire Prospectif des métiers et des qualifications dans les Transports et la Logistique, le rapport complet est d’ailleurs consultable sur https://optl.fr/).
Cette répartition des effectifs salariés fait que les autres Organisations Syndicales représentatives de la branche (CGT, FO, CFTC, CFDT) vont plus naturellement tendre à défendre les ouvriers et en particulier les conducteurs.
C’est là que notre spécificité catégorielle prend toute sa dimension en faisant en sorte que les TAM et cadres ne soient pas délaissés.
Quelques chiffres pour se rendre compte de l’activité des CPPNI : en 2023, il y a eu 66 réunions et 25 accords conclus.
Les négociations sont bloquées depuis début avril dans toute la branche suite à des propositions inacceptables des Organisations Professionnelles dans les NAO logistique avec une proposition de revalorisation de la grille de +1,13%.
Pour ce qui est de la fonction de Coordinateur des Instances Paritaires, je découvre la pleine dimension au fur et à mesure du temps. Il y a à la fois un aspect organisationnel et communication entre les 17 négociateurs de la CCNTR, des échanges avec nos représentants dans différentes instances où le SNATT siège (Klesia, AFTRAL, Promotrans, OPCO, OPTL) et du relationnel avec les autres OS et les OP.
Le Coordinateur doit avoir la vision la plus complète possible de ce qui se passe dans la branche et faire des propositions au Bureau syndical afin de l’aider dans les prises de décisions.
J’en profite pour passer un message : si l’un de nos adhérents est spécialiste de la formation professionnelle de par ses fonctions et souhaite rejoindre l’équipe de négociateurs sur cette thématique, qu’il n’hésite pas à me contacter afin de renforcer nos compétences dans ce domaine.
Quels sont les enjeux du moment et comment le syndicalisme a évolué ces dernières années ?
La réduction du pouvoir des IRP avec la mise en place du CSE et la disparition du CHSCT, le barème Macron, la réforme des retraites, la réforme de l’assurance chômage sont autant de reculs pour les salariés.
La vision des plus jeunes actifs n’est plus forcément la même que ceux rentrés dans le monde du travail il y a 20 ou 30 ans.
Il faut donc sans cesse nous adapter aux évolutions, que ce soit par rapport aux attentes des salariés ou par rapport au cadre réglementaire.
Nous devons notamment de plus en plus tendre vers un syndicalisme de services, et la mise en place gratuite de la plateforme Toutapprendre.com à disposition de nos adhérents en est un exemple récent.